Gorampa

Gorampa
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Kunga Wangchuk (d), Jamchen Rabjam Pasang Gyé Pel (d), Ngorchen Kunga Zangpo, Chögo Ba Chö Pal Sherab (d), Rongton Sheja Kunrik (d), Changsem Khachar Ba (d), Muchen Sempa Chenpo Konchok Gyeltsen (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Gorampa Sonam Senge (Go rams pa ou Go bo rab ’byams pa bSod nams seng ge, 1429-1489) est un maître tibétain sakyapa et l'un des plus grands philosophes de l'histoire du Tibet. Il est né au Tibet oriental. Il partit au Tibet central pour étudier avec le maître Rongtön Shākya Gyaltsen (Rong ston Shā kya rgyal mtshan, dit Shes bya kun rig, 1367-1449). Ce dernier étant mort en 1449, Gorampa étudia auprès de son plus fidèle disciple Sangyépel. Partout où il allait, il impressionnait par son intelligence exceptionnelle. Il étudia les tantras avec le maître Ngorchen Künga Zangpo. Vers 1461, il composa un commentaire majeur sur le livre la Discrimination des Trois Vœux (sDom gsum rab dbye) de Sakya Paṇḍita. Il fonda ensuite son propre monastère et un collège philosophique en 1474 dans le Ü-Tsang où il composa de nombreux ouvrages dont La Distinction des Vues (lta ba'i shan 'byed). Il mourut brutalement en 1490.

La pensée de Gorampa comme celle de ses maîtres Rongtön Sheja Künrig et Samgyépel s'oppose à l'interprétation du Madhyamaka par Tsongkhapa (Tsong kha pa Blo bzang grags pa, 1357-1419), rétrospectivement considéré comme le fondateur de la branche gelugpa du bouddhisme tibétain et la plus haute autorité doctrinale pour cette école. Entre bien d'autres points, Gorampa considère que la distinction entre madhyamaka prāsangika et madhyamaka svātantrika doit être entièrement examinée, la ligne de démarcation posée par Tsongkhapa ne correspond à rien qui soit à la fois rationnel et bien établi dans les textes. D'autre part, Gorampa a développé une interprétation intermédiaire du Madhyamaka entre celle dite Shentong (gzhan stong) et celle de Tsongkhapa et de ses continuateurs gelugpa[1],[2] qui eut un impact majeur sur l'école sakyapa mais aussi sur Mipham Rinpoché (1846–1912) lorsqu'il développa de manière originale la doctrine de l'école Nyingmapa[3]. En raison de ses critiques de Tsongkhapa et dans un contexte de rivalité politique entre les différentes écoles du Bouddhisme tibétain, son œuvre a parfois été frappée d'interdit[4].

Gorampa est un penseur de l'« âge classique[5],[6] » de la pensée tibétaine, c'est-à-dire la période de la fin du XIVe siècle jusqu'au XVIe siècle. Cet âge comprend, entre autres, Gorampa, Rendawa Shyönnu Lodrö (Red mda’ ba gZhon nu blo gros, 1349-1412), Rongtön Sheja Kunrig, Tsongkhapa et ses successeurs. C'est durant cette période que les principaux courants philosophiques prennent leur forme quasi-définitive.

  1. La distinction des vues, rayon de lune des points clefs du Véhicule suprême, traduction commentée par Stéphane Arguillère du lTa-ba’i shan ‘byed de Gorampa, Tibet, 1429-1489), « Trésors du Bouddhisme », Fayard, Paris, 2008.
  2. Stéphane Arguillère, Le vocabulaire du bouddhisme. Ellipses, Paris, 2002 (ISBN 272980577X).
  3. Mipham Rinpoché, L'opalescent joyau, présenté et traduit par Stéphane Arguillère, 2004, librairie Arthème Fayard.
  4. Commentaire par Stéphane Arguillère de Nyoshül Khenpo Rinpoché, Le chant d'illusion et autres poèmes, commenté et traduit par Stéphane Arguillère, 2000, Gallimard (ISBN 2070755037).
  5. Georges B.J. Dreyfus, 1997 : Recognizing reality: Dharmakīrti's philosophy and its Tibetan interpretations. State University of New York Press, Albany. (ISBN 0-7914-3098-7).
  6. Stéphane Arguillère, Profusion de la vaste sphère, Longchenpa, sa vie, son œuvre, sa doctrine. Peeters Publishers, Louvain, 2007 (ISBN 978-90-429-1927-3).

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